Gestion de l’énergie en Bonsaï: Partie 2

Deuxième volet de notre série sur la gestion de l’énergie dans les bonsaïs, cet article aborde la relation entre le stockage d’énergie et la tolérance au gel. Nous découvrirons comment les arbres se préparent aux rigueurs de l’hiver grâce à des mécanismes biologiques fascinants, leur permettant de survivre aux basses températures. Ces adaptations nous éclairent sur l’importance du timing dans l’entretien de nos bonsaïs.

Tolérance au gel : un lien avec le stockage d’énergie

La tolérance de nos arbres au gel est intimement liée au mécanisme de stockage de l’énergie. En effet, les cellules végétales contiennent un vacuole rempli d’eau et qui sert, entre autres, de stockage pour toute une série de substances et assure la turgescence des cellules. Lors de températures négatives, l’eau présente dans ces vacuoles gèle (cristallise et augmente de volume), ce qui a pour conséquence de percer la vacuole et la membrane de la cellule. Une cellule percée est une cellule morte… et molle, ce qui explique la perte de rigidité des tiges et feuilles des plantes qui ont subi une gelée. 

Les arbres exploitent néanmoins un mécanisme similaire à celui que nous utilisons pour nos routes en hiver: tout comme l’eau salée gèle à des températures largement inférieures à 0°C (-21°C au minimum), l’eau contenant des sucres et amidons gèle à des températures inférieures à 0°C. Lorsque la température et la durée du jour commencent à diminuer vers septembre, les arbres vont commencer progressivement à stocker l’énergie sous forme de sucres et d’amidon dans ses organes de stockage et ses cellules. Ceci constitue en réalité à la période de croissance vasculaire majeure des arbres (correspondant aux couches les plus épaisses dans les anneaux de croissance de l’arbre).

Comme illustré sur le graphe ci-contre, l’augmentation de la concentration de sucres (ainsi que d’autres substances) dans les vacuoles, diminue le point de congélation de l’eau qu’ils contiennent, augmentant donc leur résistance au gel. Le point de résistance maximale se situe aux environs de fin-décembre/début-janvier lorsque les températures commencent à augmenter et que la durée du jour augmente. L’activité métabolique de l’arbre va augmenter et il va progressivement redistribuer les substances stockées vers les bourgeons.

C’est ainsi qu’une petite gelée précoce au début d’automne ou fin de printemps peut être catastrophique pour nos arbres, tandis que des périodes prolongées de gel au cœur de l’hiver ne sont pas problématiques.

Écrit par Nicolas Lurkin

Egalement intéressant

Retour en haut