Gestion de l’énergie en Bonsaï : Partie 1
Cet article ouvre une série dédiée à la gestion de l’énergie dans les bonsaïs, un aspect essentiel pour comprendre leur croissance et leur entretien. Dans cette première partie, nous explorerons la notion fondamentale d’énergie dans les plantes, en particulier chez les bonsaïs, et les mécanismes biologiques qui permettent son accumulation et son utilisation. Comprendre ces bases est crucial pour bien appréhender les soins à apporter à vos arbres.
Qu’est-ce-que l’énergie dans un Bonsaï

Nos bonsaï sont avant tout des arbres qui, comme tout être vivant, requièrent de l’énergie pour se maintenir en vie et se développer. Cette énergie est stockée par le vivant sous diverses formes chimiques (principalement des sucres et des lipides). Les animaux accumulent de l’énergie par le processus de digestion des aliments ingérés, absorbant l’énergie contenue dans la nourriture. Similairement, les plantes vont absorber l’énergie lumineuse (gracieusement fournie par le soleil) et la transformer en énergie utilisable par leur corps. La différence majeure étant que les plantes transforment l’énergie sous forme électromagnétique en énergie chimique, tandis que les animaux dépendent de sources d’énergie qui sont déjà sous forme chimique.
Rappelons à ce point que les plantes comme les animaux ont besoin d’oligo-éléments pour assurer le bon fonctionnement de leur métabolisme, mais que ceux-ci ne sont en aucun cas de la “nourriture”. On ne donne donc pas à “manger” à une plante lorsqu’on donne de l’engrais, mais bien un apport d’oligo-éléments nécessaires à son métabolisme. La plante crée sa nourriture elle-même, sans l’aide du jardinier.

La production d’énergie par la photosynthèse
L’accumulation d’énergie chez les plantes se fait donc par le processus de transformation de l’énergie solaire en sucres et amidon par la photosynthèse. Lors de ce processus, les liens chimiques des molécules d’H2O (eau) contenue dans les plantes et des molécules de CO2 absorbées par les feuilles sont cassés. Les atomes constituant ces molécules sont alors recombinés en sucres, principalement du glucose C6H12O6.
Comme indiqué ci-dessus, l’eau est donc un élément essentiel à la production d’énergie dans la plante. Mais son rôle ne s’arrête pas là car elle joue également un rôle crucial dans le transport de l’énergie. Seulement quelque pourcents de l’eau est utilisée pour la photosynthèse, la majorité de l’eau est perdue via les stomates pour la transpiration (et ainsi réguler la température de la plante). Grâce à la cohésion entre les molécules d’eau, l’évaporation va générer une tension qui va se propager dans le système vasculaire de la plante (dans le xylème) jusqu’à la racine. L’eau présente dans le sol va donc être absorbée par ce biais à la pointe des racines. La tension dans le système vasculaire va encore permettre à l’eau de monter depuis la racine vers les feuilles en emportant et distribuant l’ensemble des molécules nécessaires au métabolisme de la plante: sels minéraux captés dans le sols, sucres stockés dans les organes de stockage, hormones telles que la cytokinine générées par les racines.
L’énergie stockée : un réservoir pour l’avenir
Notons également que si l’énergie des plantes est générée par la photosynthèse dans les feuilles, elle est utilisée pour la production de tissus dans ses extrémités (pointe des racines et bourgeons). L’énergie excédentaire qui n’est pas utilisée immédiatement est stockée dans les organes de stockage souterrains et dans le système vasculaire de la plante comme réserve d’énergie pour redémarrer une saison de pousse après l’hiver, ou en cas de pertes sévères aériennes (coupe drastique, herbivore gourmand, …). Nous pouvons donc dès à présent considérer deux éléments de la plante qui ont des rôles distincts:
- Le feuillage génère l’énergie et requiert de grandes quantités d’eau (panneaux solaires).
- Les racines et le système vasculaire stockent l’énergie (batterie), captent et distribuent l’eau nécessaire au feuillage.
Pour pousser et se développer, la plante a besoin d’énergie. Mais ne disposant pas de carte de crédit, elle ne peut se permettre de développer son feuillage au-delà de ses capacités à le soutenir via ses racines et son système vasculaire. Le cycle de croissance de la plante requiert donc, par ordre d’importance:
- La multiplication de racines pour accroître la capacité d’absorption de l’eau.
- Le développement du système vasculaire pour accroître la capacité de transport depuis les racines jusqu’à la pointe des branches.
- Finalement la croissance des feuilles qui vont permettre l’absorption de plus grandes quantités d’énergie pour perpétuer le cycle.
Notons à ce point que nous rencontrons ici l’une des contraintes principales que nous imposons à nos arbres lorsque nous les plaçons dans l’environnement confiné d’un pot à bonsaï; En limitant la capacité du pot, nous limitons également la capacité de l’arbre à développer des organes de stockage et par conséquent la quantité d’énergie qui peut être stockée par la plante et qui est disponible pour grandir plus d’année en année.
Écrit par Nicolas Lurkin